Votre chien a peur, que faire ?

Votre chien a peur, que faire ?

15 mai 2019 28 Par Un monde d'amis
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Vous avez l’impression que quoi que vous fassiez, votre chien ne sera jamais rassuré et bien dans ses pattes.

Quand vous l’avez adopté ou acheté, vous aviez bien conscience qu’il était timide, un peu peureux même. Mais il avait l’air si triste, vous aviez envie de le sortir de là, de le protéger, de le rassurer, de l’aider à s’épanouir. Vous étiez persuadée qu’avec tout votre amour, il allait rapidement se rendre compte que vous étiez bienveillante, qu’il n’avait rien à craindre de vous. Vous étiez convaincue qu’il allait vous donner sa confiance et son amour inconditionnel. De toute façon, l’idée qu’il reste méfiant à l’égard des autres vous plaisait plutôt. Vous n’auriez pas voulu d’un chien qui fasse la fête à tout le monde, suive n’importe qui… ce serait VOTRE chien, et il n’accorderait sa confiance qu’à vous.

Seulement, plusieurs semaines ou mois se sont écoulés et votre chien est adorable avec tous les membres de la famille. Il ne fait pas de bêtise. Il est habitué à votre maison et son jardin peut-être, tant que rien ne vient troubler son quotidien. Par contre, un bruit inhabituel : il aboie. Un coup de fusil ou une mobylette : il part se cacher. Un étranger dans la maison ou un chien en balade : il se transforme en monstre, toutes dents dehors, le poil hérissé, les babines retroussée, prêt à en découdre.

Instinctivement vous avez essayé de le rassurer. Vous lui parliez, vous le caressiez mais il semblait ne même pas faire attention à vous… et puis il faut bien l’avouer… Ça n’a rien changé, il a toujours aussi peur.

Autours de vous tout le monde vous dit que vous le cajolez trop, qu’il faut le forcer, et ne pas tout lui passer et surtout qu’il ne faut pas le caresser car vous allez récompenser sa peur. STOP. N’écoutez pas n’importe qui !

Qu’est ce que la peur ?

C’est une émotion qui se manifeste lors de la prise de conscience d’un danger ou d’une menace et qui engendre des modifications physiologiques et comportementales.

Il s’agit d’une émotion, non d’un comportement. Pour qu’elle se manifeste il faut la perception d’un danger, d’une menace. Or toute perception est subjective. Elle est propre à chacun. Certains chiens ont peur des balais, d’autres de l’aspirateur, d’un orage, des hommes qui portent un chapeau, des chiens blancs etc…

S’agissant d’une émotion, le chien l’éprouve INVOLONTAIREMENT. On ne décide pas d’éprouver une émotion. C’est quelque chose que le chien subit en présence ou à l’approche d’un stimulus.

Vous ne renforcerez pas la peur de votre chien avec une friandise ou un jouet.

Que renforçons-nous par la récompense ? Un comportement bien sûr. Par exemple lorsque je veux que mon chien apprenne à aller au panier, je le récompense à chaque fois qu’il y va. Je renforce le comportement « aller au panier » qui va donc augmenter. Parce que le comportement est VOLONTAIRE, contrairement à l’émotion.

Mais la peur n’est pas un comportement, c’est une émotion et il n’est pas possible de renforcer une émotion avec une récompense. En d’autres termes, je ne saurais pas apprendre à un chien à avoir peur sur commande à l’aide d’une récompense. La peur va se déclencher face à un stimulus (un homme, un bruit…) mais je ne pourrais pas mettre un ordre dessus comme on le fait pour tous les apprentissages. Je peux enseigner à un chien à s’asseoir, à l’aide d’une friandise, tant et si bien que quand je vais dire « assis » il va s’asseoir. En revanche, je ne peux pas avec une friandise, un jouet ou toute autre récompense, apprendre au chien à avoir peur. Il a peur quand il voit ou entend le stimulus. S’il a peur des mobylettes, leur vue ou le bruit déclenche sa peur. Le seul fait d’être dans un lieu où il en a déjà croisé peut lui faire peur, comme les chiens qui ralentissent quand ils s’approchent du cabinet du vétérinaire.

En résumé, cela donne :

Perception du chien => émotion => comportement

Vous devez donc comprendre que les récompenses renforcent un comportement, pas une émotion.

Non seulement la friandise ou la caresse ne renforcent pas la peur mais encore elles changent la perception du chien et donc son émotion.

Votre chien a peur des humains, de certains objets, lieux, etc… La caresse, la friandise, le jouet vont changer son émotion quand il est en contact avec ces stimuli. En utilisant la nourriture, je lui apprends à associer cette situation à quelque chose d’agréable et par la même je change sa perception du stimulus ET son état émotionnel.

Toutefois, quand on travaille un chien qui a peur à l’aide de friandises ou autre, il faut éviter 2 pièges.

Piège N°1 : renforcer un comportement agressif

Lorsque le chien a peur il peut adopter un des comportements suivants : se figer, fuir, faire fuir, ou chercher du réconfort.

Pour faire fuir l’objet de ses craintes le chien peut se montrer agressif, et si vous utilisez la friandise alors que le chien est menaçant vous risquez de renforcer ce comportement. Vous lui apprenez que l’agressivité est le comportement à adopter dans cette situation. Mais en aucune manière vous ne renforcez sa peur, vous récompensez un comportement agressif.

Certains diront que je joue sur les mots mais je ne le crois pas. D’abord parce que confondre émotion et comportement ne me paraît pas anodin et conduit à se priver de la possibilité de travailler sur l’émotion d’une part et le comportement d’autre part. Ensuite parce que si l’on utilise la friandise, il est important de savoir si elle va renforcer un comportement et d’identifier lequel ou si elle va modifier la perception du chien et donc son émotion.

Par exemple : mon chien voit un enfant qui avance vers lui en criant et faisant de grands gestes. Comme il n’a pas l’habitude, il perçoit cette attitude comme dangereuse ce qui déclenche sa peur. Il choisit de se figer, fuir, faire fuir, ou se rapprocher de son maître, en fonction de son tempérament, et de ses expériences passées. Admettons qu’il choisisse d’aboyer pour faire fuir, il y a de grandes chances que l’enfant s’éloigne. Le chien a appris qu’aboyer faisait fuir ce qui lui fait peur. Il recommencera forcément.

Si, dans cette situation je choisis d’être neutre, alors mon chien, qui a appris à faire fuir les enfants en aboyant va continuer, puisque cela fonctionne.

Si je le gronde, le punis, il va avoir encore plus peur: il avait peur des enfants, mais désormais il a aussi peur de moi. Il est certain que ce n’est pas de nature à l’aider.

Si au contraire je respecte les distances, et je donne de très bonnes choses à mon chien dès qu’il aperçoit un enfant, il va finir par espérer leur présence pour avoir des friandises. Il est donc important de choisir quand on donne des friandises ou un jouet à son chien afin d’éviter le premier piège.

Piège N°2: renforcer une chaîne de comportements

Le second danger consiste à récompenser une chaîne de comportements. Par exemple, le chien aboie (pour faire fuir le chien qui arrive en face) puis il se tourne vers vous. Du coup vous le récompensez puisqu’il cesse d’aboyer et vous regarde. C’est un bon comportement que vous souhaitez renforcer. Sauf que votre chien risque de mémoriser et de répéter le schéma :

j’aboie puis je me tourne= j’ai une récompense.

Vous avez renforcé involontairement le fait d’aboyer alors que notre but était que le chien cesse d’avoir peur et donc d’aboyer.

Pour éviter ce piège, il est impératif que le chien n’adopte pas de comportements problématiques tel que aboyer, grogner, foncer vers…

Maintenant que vous savez que vous pouvez rassurer votre chien quand il a peur et utiliser des friandises à conditions d’éviter les 2 pièges ci dessus. Voyons ce qu’il convient de faire.

Alors que faire pour résoudre le problème ?

Avant toute chose, n’écoutez pas ceux qui vous disent de forcer votre chien ou de le gronder. Ils ne comprennent pas ce qu’est la peur ou refusent de se mettre à la place de votre chien sous prétexte que c’est un chien et non un humain. Évidemment c’est un chien, mais la peur est une émotion commune à nos deux espèces (et pas que !). Lorsque votre chien s’estime en danger, il doit se protéger et il aboiera parce qu’il a appris que cela faisait fuir ce qui lui fait peur et que sa propre sécurité est plus importante que vos réprobations.

Il peut arriver qu’un chien que l’on réprime cesse d’aboyer ou de grogner c’est vrai. Mais il n’a pas moins peur. Il cesse juste de l’exprimer. Et pourquoi ? Parce qu’il a encore plus peur de vous ( et de vos réprimandes) que des enfants ou autre. Votre chien est sous pression, il a peur mais ça ne se voit plus dans son comportement.Vous êtes en train de fabriquer une bombe à retardement.

Pour les chiens qui choisissent la fuite, tant qu’elle est efficace et les met à l’abri, ils l’adopteront, mais si un jour ils sont acculés… Il leur faudra utiliser une autre option, parfois ils choisiront l’agression.

La première chose à faire est de ne plus mettre votre chien dans des situations impossibles pour lui.

Éviter qu’il se mette dans tous ses états !

Les maîtres sont toujours surpris quand je leur dis qu’il faut absolument éviter que le chien montre des comportements de fuite ou d’agressivité. En effet, vous devez comprendre qu’à chaque fois qu’il aboie sur quelque chose qui lui fait peur, grogne, ou fuit, il augmente les chances de le faire à nouveaux. Votre chien ne réfléchit plus c’est devenu un automatisme: dans cette situation il adopte tel comportement. Et plus il le fait plus il le fera. C’est comme ça. Donc la première chose à faire, c’est éviter qu’il adopte les comportements qui vous dérangent.

Comment faire ? Si votre chien a peur, vous devriez utiliser les friandises avant les manifestations d’agressivité, ce qui implique de ne pas être trop près du stimulus, afin qu’il ne réagisse pas.

Supposons qu’à chaque fois que votre chien est en présence d’enfants, d’abord calmes et à bonne distance, vous lui donniez des friandises avant qu’il aboie pour les faire fuir. Il va associer la présence d’enfants à quelque chose d’agréable, il ne les percevra plus comme un danger n’en aura plus peur et n’aura donc aucune raison d’aboyer pour les faire fuir. La friandise ainsi utilisée aura modifié la perception du chien et par la même son émotion et le comportement qui en découle.

C’est aussi simple que ça ? Pas tout à fait !

La plus grosse difficulté dans ce travail consiste à respecter la distance à laquelle vous devez placer votre chien par rapport à ce qui lui fait peur. D’autant que cela nécessite une bonne « lecture » de votre chien et des signaux avant coureur.

En effet si vous le mettez trop près de ce qui l’effraie, il n’est plus capable de se concentrer et d’apprendre. C’est comme moi l’autre jour au moment où j’ai pris mon peignoir de bain en sortant de la douche, j’ai vu une araignée sur le mur et j’ai hurlé gagnée par la panique. Inutile de tenter de traiter ma phobie à cet instant !

Donc vous devez vous mettre à une distance du stimulus qui permet à votre chien de rester concentrer. De cette manière vous allez pouvoir modifier sa perception en lui donnant des friandises ou en le faisant jouer.

Évidemment ceci n’est possible que si votre chien prend les friandises ou le jouet.

Mon chien refuse de jouer ou de prendre des friandises.

Le problème que vous pouvez rencontrer est que votre chien refuse les friandises ou le jouet. Il peut y avoir 2 raisons à cela :

  • Ce que vous utilisez en guise de friandises ou de jouet n’a pas assez de valeur pour votre chien: vous devez en changer et trouver ce qui convient pour VOTRE chien.
  • Vous êtes trop près de ce qui lui fait peur. Lorsqu’on panique seul compte le fait de sauver sa peau. Vous pourriez bien me mettre un diamant ou un lingot d’or tandis qu’une araignée est sur mon bras, je ne m’y intéresserais pas.

Ainsi, quand votre chien a peur s’il veut s’éloigner suivez-le : laissez-le prendre la distance dont il a besoin pour ensuite observer. S’il aboie sur les voitures, les chiens, les gens, éloignez-vous, et surtout évitez les foires, marchés et autres au risque d’aggraver la situation. Évitez de lui demander de s’asseoir comme je le vois souvent, c’est bien trop difficile de devoir rester statique tandis que quelque chose qui vous fait peur s’approche.

Et ensuite ?

Bien souvent on s’arrête là alors qu’on n’a fait qu’une infime partie du travail. Pour obtenir les meilleurs résultats possibles, dans les meilleurs délais, je vous conseille de travailler sur 3 axes complémentaires :

  • Apaiser votre chien : confronter le chien tous les jours à ce qui l’effraie n’est pas une bonne idée. Je vous conseille de le faire 3 fois par semaine maximum, le reste du temps, autant que possible privilégiez des lieux, activités qui lui permettent de se détendre : Chercher de la nourriture ou son jouet, rencontrer des congénères s’il est sociable, ronger un os, un bois de cerf, Kong: voici d’ailleurs un article pour vous aider dans votre choix
  • Lui donner confiance en lui : encourager ses prises de décisions, l’inciter à aller vers des choses inconnues, lui faire faire des jeux de réflexions… Sont autant de choses qui vont l’aider et en feront un chien plus apte à affronter le monde. Voici une vidéo qui vous donnera quelques idées.
  • Lui donner confiance en vous : bien sûr, il faut éviter de gronder votre chien : vous ne pouvez pas être à la fois celui qui fait peur par moment et celui qui rassure à d’autres. Enseignez-lui le « demi-tour » à l’aide de récompenses et utilisez-le hors contexte anxiogène au moins 150 fois, pour qu’il puisse devenir un outil dans les situations problématiques. L’avantage d’un signal appris en positif et énormément renforcé est que quand vous l’utilisez il replace votre chien dans l’émotion qu’il éprouvait lors de l’apprentissage. Ainsi si votre chien a peur des gens et que vous lui demandez de faire demi-tour, AVANT qu’il soit en panique bien sûr, vous l’aidez à se détendre.

Si vous faites tout cela, vous aurez des résultats, vous verrez que votre chien va s’appuyer sur vous, s’en remettre à vous. Surtout, montrez-vous digne de la confiance qu’il vous témoigne, ne le trahissez pas en lui demandant plus qu’il ne peut pour le moment.

C’est un long chemin que celui de la rééducation d’un chien craintif, avec des hauts et des bas, auxquels il faut se préparer. Certains jours vous verrez les progrès de votre chien et vous serez émus. D’autres seront plus difficiles parce qu’il y aura des régressions difficiles à vivre.

Aussi mon dernier conseil sera:

Tenez un journal pour noter votre travail et les progrès de votre chien Ainsi quand viendront les « jours sans » vous verrez d’où vous êtes partis et où vous en êtes. Vous éviterez ainsi de vous décourager.

La rééducation d’un chien craintif est un long chemin qui vous mènera vers la confiance mutuelle, la compréhension et le respect. Le bonheur, la satisfaction et la fierté que vous éprouverez quand enfin vous verrez votre chien plus serein valent bien tous les efforts que vous faites aujourd’hui.

Et si malgré tous ces conseils et en dépit des progrès que vous ne manquerez pas de constater vous sentez que vous avez besoin d’aide. Regardez ici ce que je peux vous proposer.

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